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La nature des choses

10 manières de reconnaître (et éviter) les charlatans dans le domaine thérapeutique et du développement personnel.

Charlatan : Marchand ambulant qui, après avoir débité un boniment, vendait des drogues, arrachait des dents, etc., sur les places publiques et dans les foires. Par extension, guérisseur qui se vante de connaître des remèdes miraculeux. Personne habile qui trompe sur ses qualités réelles et exploite la crédulité d’autrui pour s’enrichir ou s’imposer. Synonymes : imposteur, faux, frauduleux.

Tout d’abord, soyons clair : je n’ai rien contre les imposteurs. Il y en a toujours eu, et il y en aura peut-être toujours. Si on s’en tient au fait de pouvoir à certains moments prétendre savoir plus que ce que nous savons, alors il nous arrive à tous certainement, de manière moindre et sans gagner d’argent par cette voie, d’être des charlatans. Cela peut être tellement léger, et même comique dans certains cas, que nous pouvons en rire. Lorsque de mauvaise foi nous refusons par exemple d’avoir tort et prétendons savoir-un point c’est tout- nous sommes déjà un peu dans la définition du charlatan.

Cela dit, la définition complète du charlatan s’articule autour de deux points : son dogmatisme qui prétend exprimer une vérité absolue d’une part, et d’autre part son rapport à l’argent. Et il faut bien noter qu’aucun de ces deux points n’empêche totalement un mieux-être chez le patient. On peut totalement avoir confiance en quelqu’un d’incompétent, et que cette rencontre agisse psychiquement comme déclencheur d’un mieux-être. Bien entendu ce n’est pas le chemin le plus secure ni le plus fiable, mais il semble évident qu’un charlatan qui met en confiance peut davantage aider moralement qu’un soignant violent et pas du tout à l’écoute.

Et bien sûr, un charlatan peut également ne pas être à l’écoute !

Cela dit, le modèle économique et social actuel rend particulièrement illisibles les choses dans le domaine thérapeutique. Qui fait quoi,
et surtout, qui ne dit pas n’importe quoi ? La promesse d’une meilleure santé, du bien-être, du bonheur pour tous ressemble tantôt à une anesthésie générale, tantôt à des miracles qui relèvent plus du marketing et de la publicité que du bon sens. Se pose alors la question du point de gravité du thérapeute. Ce que j’appelle « centre de gravité du thérapeute » c’est autour de quoi il articule sa démarche : ego, quête du profit, de reconnaissance, intuition etc.

Il est évident que ce centre de gravité n’est pas toujours très conscient, et il est évident aussi que le thérapeute a besoin d’argent pour  vivre. Or, je le dis d’ores et déjà avant ces prochaines lignes, ma conviction est la suivante : si pour bien vivre le thérapeute doit vendre plus de séances, il vaut mieux qu’il change de profession ou fasse un autre travail. Car lorsque son patient sera là, choisira-t-il ce qui est bon pour lui, ou de lui vendre un maximum d’autres séances ? A ce moment précis, le thérapeute devra choisir entre l’argent et le thérapeutique. Et s’il ne s’est pas mis au clair avant, alors ce choix risque d’être très aléatoire. J’appelle charlatan notamment celui qui n’est pas au clair avec cette question, ET celui qui cherche à vendre un maximum de séances à chaque patient, en pensant d’abord à sa rentabilité.

Pourle reste, voici 10 manières de reconnaître un vrai charlatan.

1-Il prétend que sa méthode est la meilleure.

Vous l’entendrez peut-être souvent : telle autre méthode est violente, pas efficace, trop ancienne, mais la mienne est plus novatrice, meilleure etc. Or, et cela n’est pas une nouveauté, on sait depuis longtemps qu’aucune méthode n’est en elle-même supérieure à une autre : ce sont des qualités comme la présence, l’écoute, la bienveillance etc qui font l’efficacité du travail thérapeutique. Une personne très formée techniquement peut parfaitement traumatiser un patient par manque de tact, d’écoute et finalement de savoir faire ! Concernant la nouveauté, on lit par exemple dans mon domaine (l’hypnose) que telle personne a développée une méthode qui dépasse l’hypnose ericksonienne. Et puis on lit, on approfondit, on expérimente, et le vide apparaît :
non seulement il n’y a aucune nouveauté (sauf pour les personnes qui « débarquent »), mais en plus cette méthode n’a absolument pas intégré les principes de l’hypnose ericksonienne, et fait… du charlatanisme, de l’hypnose de foire. Aucune méthode n’est supérieure à une autre, le travail se fait à deux, patient et thérapeute (voire à trois, si le thérapeute a un superviseur, ce qui est aussi conseillé que rare…).

2-Il promet monts et merveilles

Un thérapeute ne vous promet jamais de résoudre tel problème. En droit français, l’obligation de moyens est la règle : personne ne connaît l’avenir et ne peut s’engager absolument de régler quoi que ce soit. Aucun médicament ne règle à 100% tel problème. Il n’est pas impossible de rester malade après la prise d’antibiotiques et personne ne peut vous garantir une guérison totale. Mais on a l’intelligence d’indiquer qu’en faisant telle ou telle chose on se donne de très bonnes chances d’aller mieux. Un vrai thérapeute ne vous dit pas au téléphone qu’il va certainement vous aider, alors qu’il ne vous a jamais rencontré.

3-Il vend des séances comme il vendrait autre chose.

C’est particulièrement flagrant en hypnose : on fait 5, 10 séances sans aucun changement notoire. Autant faire des séances de psychologie, où la présence aide en tant que telle, où des choix extérieurs seront faits. Mais à quoi bon promettre des changements intérieurs sans y arriver ? Par manque de compétence, de formation ? Par appât du gain ? Des petits malins promettent tant à des futurs thérapeutes qu’ils vont avoir des patients, gagner de l’argent, que nombreux sont ceux qui tombent dans le panneau et s’inscrivent à des formation coûteuses…

4-Le thérapeute-charlatan n’a pas vraiment travaillé sur lui, a un ego
fort (et donc manque de confiance).

Cela commence à devenir une routine : perte d’emploi, dans la foulée, quelques séances thérapeutiques, et hop, d’un coup telle personne « comprend » qu’elle est thérapeute. Or il en faut plus pour être thérapeute : avoir expérimenté plusieurs techniques, avoir réalisé un vrai travail dans la durée, être supervisé, être au clair sur la déontologie (et sur la séduction!), sur le rapport à l’argent, sur la précision et la propreté de la parole… C’est sans parler d’autres dimensions du métier, et si vous prenez cela à la légère, vous risquez de patauger, ou de vous brûler les ailes… et celles de patients. Le charlatan semble « léger » dans sa maturité, bien souvent, mais le « bon » charlatan sait bien faire semblant… !

5-Il vend sans cesse de nouveaux produits, se forme sans cesse à de
nouvelles techniques.

Bref il vous vend sans cesse le truc à la mode. Hypnose hier, « access bars » ou « nerti » aujourd’hui, autre chose demain. Si possible des choses qui donnent l’impression d’aller mieux à court terme, et qui durent plus ou moins. Dans la domaine thérapeutique, certaines choses ont prouvé leur inefficacité mais continuent d’être rentables, comme la pensée positive : effets de surface à court terme garantis, mais en profondeur, aucune confiance n’est travaillée. Attention au retour du boomerang si vous jouez avec cela.

6-Sa parole est confuse, avec des termes techniques ou ésotériques pas clairs du tout.

Cela ne signifie pas qu’il utilise des termes qui n’ont pas de sens :
ils peuvent en avoir, mais ne sont pas mis à votre portée. Or le travail du thérapeute est de se mettre à votre portée. Et aussi de vous inviter à vous motiver à changer bien sûr ! Mais s’il déblatère des termes et des conseils à l’emporte pièce, alors revenez à ce pourquoi vous êtes venu.e le voir, revenez à l’instant et clarifiez votre demande pour le couper dans son rodéo verbal. Un professionnel qui ne peut pas définir les mots qu’il emploie donne le signe important d’une imposture. En thérapie, aucune parole n’est légère ou dénuée de sens : toute parole peut avoir un impact fort sur le patient, et dès lors il faut savoir être clair et juste dans chaque mot, chaque allusion, intonation, métaphore : c’est un métier, par un passe-temps du dimanche !

7-Il prend en otage, rend dépendant, voire dit que vous n’irez pas mieux
si vous ne terminez pas les séances.

Il faut distinguer ce qui est de l’ordre des résistances, et ce qui vient du thérapeute : il est normal que certains patients papillonnent, et se refusent à faire un travail sur la durée. Pour eux ce sera toujours la faute des thérapeutes, alors qu’en fait ils sont blindés, en résistance,  car une part d’eux ne veut pas bouger. C’est complètement normal et assez fréquent peut-être. Mais c’est autre chose de voir au fil des  séances que rien ne bouge, que vous vous sentez mal, que le thérapeute refuse d’en parler et cherche à prendre le pouvoir sur vous…

8-Il prétend que c’est lui qui vous a aidé, qu’il a fait la plus grosse
partie du travail.

C’est faux et archi-faux : les solutions sont en vous. Le thérapeute est un guide et connaît bien certains chemins, certes, mais il ne fait que vous accompagner avec certaines techniques, qui vous aident (inconsciemment et consciemment) à trouver des solutions en vous. C’est votre vie, votre corps, vos ressources, votre inconscient !

9-Il prétend que si ça ne fonctionne pas, c’est de votre faute.

Ce n’est la faute à personne, que le travail fonctionne ou non, et certainement pas celle du patient : le patient est certes responsable de lui, de ses choix et aussi de ses auto sabotages, mais il n’y a pas lieu d’utiliser la notion de « faute ». Par ailleurs c’est au thérapeute de proposer les bons outils : un bon thérapeute sait ré-orienter quand il sent qu’une autre technique ou un autre thérapeute sera plus efficace, plus pertinent ! Et il le fait, plutôt que de garder un patient le plus longtemps possible !

10-Il ne vous écoute pas.

Ce sera le premier signe, et malheureusement ce signe est assez fréquent. Un bon accompagnant vous écoute, pleinement, sans jugement, sans interprétation, sans conseil. Il est là, d’abord là, pour vous. Le reste vient après. Le charlatan, lui a souvent un ego fort et manque de confiance. Il va donc « meubler », vous parler beaucoup, chercher des solutions multiples, des protocoles, des techniques etc

A vous de chercher, de sentir avec qui vous voulez travailler. Soyez à l’écoute de vous : aucun thérapeute n’est parfait ni bon pour tout le monde. Être à l’écoute de votre ressenti est déjà un pas énorme. Et sinon, si en rencontrant un thérapeute vous avez un doute, des questions, posez-les lui : il est là pour accueillir ce que vous apportez. S’il se vexe ou s’énerve, cela lui appartient… !