Prix d’une séance thérapeutique : au cœur de la question de la vie
1/Base
Les séances que je propose depuis 2013 sont à 50 euros pour les personnes qui le demandent, 60 euros à plein tarif. Les personnes qui travaillent n’ont pas forcément autant d’argent que certaines personnes au chômage; on peut être au RSA avec un gros patrimoine, avoir un chômage élevé ou travailler dur pour un petit salaire, et de toute manière, il est inenvisageable de demander des justificatifs et d’infantiliser quiconque. Car une séance thérapeutique est aussi un exercice de vie qui cherche à se conscientiser: à chaque instant nous faisons des expériences, et l’expérience de toujours vouloir négocier, payer le moins cher possible doit être faite par chacun, jusqu’au moment où enfin la personne grandit et voit que la négociation n’est pas le mode principal de la vie mais de l’immaturité, de celui que j’appelle « l’économiste », mental qui calcule tout en ratant 99,99% de la vie. Bref il s’agit des modalités de la peur et du manque, qui sont des dynamiques auto-alimentées en très grande partie, évidemment relayées par notre mode de vie occidental. C’est une grande partie de cette dynamique (médiatique, verbale, éducative, familiale etc) que je nomme « hypnose négative ».
2/Derrière cela
Certains thérapeutes pratiquent bien sûr d’autres tarifs, et c’est à chacun de voir, si possible sans juger. Pour ma part, je vois que 50 euros est un tarif médian, réellement et symboliquement, et que si une personne ne peut pas les payer en France, alors exceptionnellement je peux baisser ce prix. Mais il faut aussi que la personne réalise à un moment donné que rien n’est plus important que sa santé, et qu’elle choisisse, clairement. Si sa priorité est non pas sa santé, mais que sa santé soit prise en charge, de manière parentale et rassurante par un État ou un système social qui lui évite de penser (le pourquoi de la maladie notamment, souvent) , rembourse tout, alors faire une séance que je propose semble difficile : la personne « préférera » peut-être même mourir sans avoir à se prendre en charge ni à se poser trop de questions, et penser qu’elle est responsable de sa vie serait peut-être très anxiogène. Mais si elle considère qu’elle est pleinement responsable de sa vie, de sa santé, et qu’elle doit peser, assumer ses choix sans faire confiance a priori mais en utilisant sa raison, alors elle verra peut-être à un moment la pertinence d’un rendez-vous avec moi, sans forcément condamner en masse la médecine allopathique.
3/Au fond
Au fond, il y a cette objection, qui clarifie les choses : « Oui, mais en tant que thérapeute tu as bien le droit de vivre correctement ? » (sous-entendu d’avoir un tarif supérieur : tu as fait des études, etc ). Et puis il y a cette « loi d’abondance » : les gens qui ont besoin d’une séance auront forcément l’argent, car « tout est juste ». Ces objections sont absurdes car :
-Les personnes qui ont besoin d’aide sont justement souvent hors abondance, c’est-à-dire hors conscience de l’abondance. On ne peut donc pas leur appliquer cette loi puisque justement elles en sont inconscientes et que c’est le niveau de conscience qui fait exister pleinement dans UNE réalité !
-« Vivre correctement » pour moi ne peut pas signifier légitimer des prix élevés au nom d’un train de vie, train de vie d’une époque dégénérée (dé-générée : coupée de ses bases historiques, corporelles, héritées, de ses ancrages, de ses valeurs), une époque fondée sur la consommation et le « moi-je », basée sur le mental d’un enfant capricieux qui fait sa loi en fonction de ce qu’il veut uniquement. Or la plupart de nos « besoins fondamentaux» sont souvent modulables tandis que l’ego s’estime toujours méritoire, ce qui est une auto-hypnose infantile.
– « Tout est juste » fait partie de ces phrases qui indiquent que la personne ne respecte pas vraiment le langage et ne réfléchit pas sur ce plan. Si tout était juste, le mot « injuste » n’existerait pas : l’injustice est avant tout un sentiment, réel en tant que tel. Il suffit qu’une personne dise « c’est injuste » pour que (si elle est honnête) elle indique vivre ce sentiment. Il est donc réel, évidemment « vrai ». Il est en outre parfaitement injuste de dire « tout est juste », car ce serait comme une invitation (particulièrement injuste) à nier l’expérience de l’autre, à refouler. Objecter que « tout est juste » pour la personne qui a « atteint un certain niveau » indique un mépris moins flagrant que le comique de cette situation : nous sommes là pour grandir, dans une diversité d’épreuves, de niveaux, de dynamiques brillante, remarquable. «Tout » contient donc les expériences de tous les plans, tous les « niveaux » où l’injustice s’éprouve comme manière indispensable de grandir vers plus grand.
-Enfin, l’abondance ne réside pas pour moi essentiellement dans l’argent, et je maintiens cette loi comme importante : il faut choisir son Dieu, la Vie ou l’argent. C’est un vrai choix de faire un travail thérapeutique, et j’ai choisi d’être au service de la Vie, pas de vendre 2 séances quand il n’en faut qu’une. Si je me présentais comme thérapeute en œuvrant en fait pour l’argent, ce serait pour moi un nœud immédiat, comme une trahison sur le plan de la Vie, une absurdité: comme de séduire des consultantes-patientes. C’est en fait impossible actuellement sans faire de nœuds intérieurs, et comme ce plan de Vie est prioritaire sur le plan de l’époque… Nous vivons donc bien dans une époque où l’argent est un élément respectable, important voire déterminant, mais c’est à chacun de décider si ce facteur est une valeur supérieure à d’autres, ou non. Si « c’est mon boulot », avant tout, alors l’argent est premier. Si c’est une vocation réelle, alors c’est probablement autre chose. Le plus souvent heureusement, nous pouvons concilier les choses, et ne pas entrer dans des situations si radicales: les gens donnent ce qu’ils peuvent, troquent, donnent assez ou même plus, ou bien encore arrivent pile au moment où donner s’impose à soi.
