C’est un phénomène qui apparemment ne cesse de se développer: l’amaxophobie, ou peur liée au fait d’être dans un véhicule, en tant que passager ou que conducteur. Si généralement on emploie ce terme essentiellement pour les véhicule routiers « enfermant » (voiture, camping-car, camion…), on retiendra surtout que son impact est aussi massif que peu étudié, et que des solutions existent, à condition de ne pas faire l’autruche pendant des décennies. 2 Etudes sont particulièrement intéressantes pour nous: celle relayée par la sécurité routière, et l’étude Fort-Evennou de 2023. Si vous vous sentez concerné.e, que vous roulez à 50 au lieu de 80, que vous avez peur d’avoir peur au volant, peur de vous mettre dans le fossé, que vous évitez l’autoroute puis la nationale, alors cet article peut vous donner quelques informations.
Des résultats étonnants et un déni global
Si l’étude de 2018 (réalisée en Nouvelle-Zélande sur un échantillon de plus de 400 personnes) révèle un taux de 16% d’anxiété modérée à sévère, on remarquera surtout que l’étude de 2023, réalisée en France sur 5000 adultes donne des résultats étonnants qui ton de quoi dédramatiser et déculpabiliser: vous n’êtes pas seul.e dans cette situation:
-Sur ces 5000 personnes, 80% (!) indiquent ressentir au moins un petit stress au volant.
-Dans l’étude néo-zélandaise, plus de 30% des personnes à fort stress indiquent ne pas se considérer stressées par ailleurs, mais uniquement en véhicule
-Le stress concerne aussi bien les conducteurs/trices que les passagers-gères. Il peut être lié ou non: à la vitesse, au fait d’être seul.e ou accompagné.e, faire suite ou non à un accident de la route, être lié ou non à un vertige (une forme de vertige face à des dimensions importantes, en montagne ou au passage d’un pont conséquent). Bref nous avons à faire à un trouble variable, qui est fonction de chaque individu.
-Alors qu’un léger stress ne constitue pas un signe d’amaxophobie, les signes suivants l’indiquent: fort stress, transpiration, suées, crise de panique, émotions exacerbées.
-Il semblerait que l’amaxophobie diminue avec l’âge, mais sont peu étudiés les phénomènes suivants: le fait qu’en, vieillissant les conduites d’évitement augmentent, qu’en couple le plus à l’aise conduise quand l’autre évite, notamment. Idem pour les retraités, dont l’amaxophobie peut être camouflée par moins d’impératifs. Tout ceci reste un mystère.
-Deux choses sont à peu près sûres: le phénomène est massif et peu étudié.
Quelles solutions?
Les solutions sont de deux ordres: les demi-solutions, et les « bonnes », à relativiser évidemment.
Premièrement, les demi-bonnes nouvelles: Tout d’abord les anxiolytiques. Ceux-ci ne sont pas satisfaisants pour ce problème en voiture si vous conduisez. En effet, conduire sous l’effet de telles substances est déconseillé, et peut même conduire à une crise (quand même) du fait de la fatigue causée. En revanche, en tant que passager, bien sûr ils apportent un confort pour le mauvais moment à passer. Reste qu’on prend plus souvent la voiture que l’avion, et si vous devez chaque jour consommer des anxiolytiques pour aller en bus ou en covoiturage au travail… C’est donc bien sûr à chacun, en lien avec son médecin d’étudier cette possibilité. Pour certaines personnes et situations il est évident que cette solution est bénéfique: suivi médical, confort immédiat et massif, faible fréquence des déplacements…
Ensuite, au rayon des semi-solutions, la sophrologie ou encore les TCC sur le versant habituation. A titre professionnel je n’ai pas compté le nombre de personnes qui sont venues me voir après avoir obtenu des résultats très modérés, nuls ou très passagers avec ces techniques. Souvent on y travaille à plus de relaxation, ou à s’habituer progressivement aux situations. Pourquoi des résultats mitigés? Peut-être parce qu’on traite le problème « en aveugle »: ni en le remplaçant par un autre comportement, ni en neutralisant la source?
Deuxièmement je peux aborder les techniques pour lesquelles j’ai pu voir des résultats, et il y en a sans doute beaucoup d’autres.
En premier lieu, les mêmes TCC qui sont limitées, obtiennent malgré tout des effets intéressants, assez souvent.
En second lieu, en hypnose, en EFT ou avec de la cohérence cardiaque adaptée, on obtient également des résultats régulièrement intéressants.
Mais surtout, j’ai pu observer ces dernières années que les personnes ayant réellement travaillées sur elles ne sont quasiment jamais touchées par l’amaxophobie. Est-ce si original? Non, pas du tout. Le fait de tout contrôler, tout refouler (comme on nous invite à faire: aller vite, ne pas se plaindre, être toujours plus performant) mène naturellement à des « sorties symptomatiques ». Et quel endroit mieux indiqué que la voiture, qui amplifie les émotions, les réactions, les peurs du fait des enjeux, de la vitesse, de la coupure d’avec le monde (phénomène de cage de faraday)? Sans doute faudra-t-il attendre quelques années avant que des études s’intéressent à ce phénomène aussi banal à observer. Une chose est sûre: que vous ayez ce type de peur depuis quelques mois ou depuis des décennies, des solutions existent.
Enfin, la bonne nouvelle: dans quasiment 100% des cas, les personnes ayant peur suite à un accident de la route peuvent voir cette peur disparaître en neutralisant le souvenir traumatique concerné. Pour me part, je travaille ceci depuis des années, avec la règle: un souvenir= une séance, en douceur. Bonne route à toutes et à tous!