Quiconque regarde la télévision ou les chaînes de streaming le reconnaît: les programmes ont massivement évolué ces dernières années. Violence et comédies inoffensives s’alternent dans un univers de l’image relativement agressif voire déprimant. Mais chacun trouve aussi ses pépites, ses ressources, surtout lorsqu’il/elle est conscient.e que ces nourritures psychiques sont beaucoup plus importantes qu’ils n’y paraît. En effet elles jouent le rôle que les mythes ont joué des millénaires durant dans notre inconscient: à la base de nos valeurs, par la répétition de messages sous-jacents qui nous semblent ensuite évidents. Dans cette série d’articles je vous partage des ressources qui sont pour moi possiblement thérapeutiques, et même d’envergure spirituelle.
Pour ce premier article, il aurait été plus facile, plus doux de commencer par des choses légères et lumineuses. Mais cela ne ressemble pas au parcours de tout le monde. Et comme mon expérience m’a appris une partie au moins de la valeur du superbe vers de Terence (« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger »)… Cet article part donc de l’ombre, du dur, à travers des films qui dessinent un trajet d’ombre vers lumière. Le premier est je vous rassure beaucoup plus doux que les suivants, il est bon de le préciser, tandis que le dernier est un summum de noirceur, mais aussi d’aboutissement vers la lumière. Peut-être ne vous parlera-t-il pas.
Pour chaque film je vous propose un synopsis, une bande-annonce et des informations de visionnage. De nombreux films sont accessibles gratuitement via les médiathèque (en dvd, mais aussi en VOD par le site de la médiathèque à laquelle vous êtes inscrit.e), ou via des chaînes gratuites en ligne…
1/ Will Hunting avec Matt Damon, Ben Affleck et Robin Williams (1997, 2h06)
Will hunting raconte le parcours hasardeux et miraculeux d’un jeune génie (Matt Damon) qui gâche ses capacités, s’auto-sabote après une jeunesse violente, avant de rencontrer un universitaire puis un thérapeute bienveillants. Le film insiste sur la facilité, les dons autant que sur notre capacité à les ignorer, les minimiser, ne pas les écouter. Or personne d’autre que nous ne pourra faire le chemin, que nous soyons ou non aidés. Le film vogue sur un canevas de valeurs américaines: hyper individualisme, compétition etc, mais avec des échanges humains riches et touchants.
Disponibilité: médiathèques de Valence, plateformes payantes: netflix, youtube, etc. Le film est également disponible en streaming gratuit, par exemple sur wiflix.travel, dispositif interdit dans de nombreux pays comme la France.
2/American history X avec Edward Norton (1998, 2h)
Le parcours d’un jeune paumé dans l’Amérique urbaine des années 90. Haine, rancoeur, frustration, ignorance et amalgame ont fait de ce jeune un partisan des doctrines des plus obscures. Emprisonné, il va vivre un parcours, une transformation dont la dernière scène du film nous invite à garder la portée: même si nous récoltons parfois les fruits pourris de très anciennes semailles, nous devons nous concentrer sur nos actions présentes, clés de l’avenir. Le film contient quelques scènes violentes, dont une reconnue très violente (scène du cambriolage nocturne).
Disponibilité: médiathèques de Valence, plateformes payantes: netflix, youtube, etc. Le film est également disponible en streaming gratuit, par exemple sur wiflix.travel, dispositif interdit dans de nombreux pays comme la France.
3/Looper avec Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt (2012, 1h50)
C’est pour moi un des films les plus surprenants. Rian Johnson nous livre ici une véritable fable sous couvert d’un cahier des charges hollywoodien: gros budget, action, acteurs célèbres, effets spéciaux… On peut donc le regarder comme un film d’action simple. Mais le message du film est bien celui de choisir, et de se mettre au service de la vie, y compris quand on a commencé celle-ci dans la violence. On est libre de le faire, quand bien même on est né dans l’ignorance et la peur. Bref… résumé:
Dans une société future aussi inégalitaire qu’un fantasme macronien, la violence fait rage. Y règne notamment une mafia et ses tueurs, les « looper » (les « boucleurs », ceux font une boucle). Ceux-ci sont chargés de tuer des victimes envoyées du futur par la même mafia, car il est très difficile dans le futur de faire disparaître des corps. (ah oui, c’est moyennement joyeux!) Les « looper » reçoivent donc les victimes, les abattent et récoltent leur salaire. Mais cette « charmante profession » a son pendant: chaque looper devra un jour réceptionner sa future victime, comme d’habitude cagoulée, et l’abattre sans réfléchir, avant de découvrir que cette fois-ci, c’est son « lui-même » du futur. Ainsi, le looper aura « bouclé sa boucle » et pourra prendre sa retraite dorée de plusieurs décennies, en sachant qu’il sera un jour envoyé dans le passé, et abattu par lui-même. Ces boucles de violence, de haine, qui les coupera un jour, comment et au nom de quoi, des tréfonds de la peur et de l’égoïsme?
Disponibilité: médiathèques de Valence, plateformes payantes: apple tv, youtube, etc. Le film est également disponible en streaming gratuit, par exemple sur wiflix.travel, dispositif interdit dans de nombreux pays comme la France.
4/Logan avec Hugh Jackman (2017, 2h17)
Avec une musique de Johnny Cash et James Mangold à la réalisation, ne vous attendez pas à un nouveau Harry Potter ou à un épisode de fantasy… Ce film n’est pas une échappée belle dans des paradis juvéniles, mais une plongée dans les noirceurs de l’âme humaine, et plus particulièrement masculine. La franchise « x-men », contrairement à celle des Avengers s’est faite une habitude d’utiliser les super-pouvoirs de ses personnages pour souligner, rendre plus visible des questions de la nature humaine en tenant un cahier des charges hollywodiens (je trouve ça impressionnant, de parvenir à faire deux films en un: hollywodien et réflexif. Ailleurs, avec des gros budgets publics, on fait parfois… rien, volontairement visiblement). Logan est le dernier volet d’une longue série, un concentré de ces questionnements. On y découvre « wolverine », dont les pouvoirs s’amenuisent après une vie de violence, à vivre la disparition de ses proches, à se noyer dans l’alcool, sans jamais rien lâcher, sans jamais se reposer.
Ce film peut rappeler ces générations d’hommes, sourdes, travailleuses, qui se sont sacrifiées, ont fait « de leur mieux » pour une civilisation qu’il est ensuite facile de critiquer. Mais si nous avons des violences et un monde économique hyper-agressif (que mime d’ailleurs bien souvent tout un pseudo-féminisme qui n’a rien de féminin), nous avons aussi des routes, des véhicules, des bâtiments, et désormais le luxe de faire mieux, plus humain notamment. Parmi ces hommes, certains (un type d’homme) a encore davantage pris sur lui, a comme « pris le pli » à l’extrême d’oublier comme se détendre, se relâcher, bref d’oublier la vie, dans des spirales de violence, jusqu’au désespoir. Nous pouvons juger cette violence, mais quel jugement apportera une once de lumière? Logan nous raconte le parcours de cet homme qui se sait partir dans sa dernière quête. Ni glorieuse, ni probablement victorieuse. Mais dans son auto-destruction et son espoir d’enfin périr (ses pouvoirs l’en empêchent, en principe) pour sa seule libération possible, va se vivre une autre libération, apparemment double, mais unique: celle de l’Amour.
Attention, à l’instar de Looper, ce film est assez violent. On peut même dire qu’il est visuellement le plus violent de la franchise x-men.
Disponibilité: médiathèques de Valence, plateformes payantes: apple tv, youtube, etc. Le film est également disponible en streaming gratuit, dispositif interdit dans de nombreux pays comme la France.