TROISIEME CLICHE: "La naturopathie c'est pas scientifique"

La naturopathie est-elle ou non scientifique? Quelle importance, et surtout, quel rapport entre science et efficacité? Je profite de mon master en philosophie-épistémologie (philosophie des sciences) pour déblayer rapidement ces questions houleuses, après deux articles sévères à l’égard de la naturopathie au sens très large, ici et là.

1/Réponse rapide: la naturopathie est scientifique, au moins autant que ce que la science a donné à voir depuis 2 ans

Pour celles et ceux qui ne sont pas dans un total déni, qu’ils-elles soient pro ou antix vaxx, peu importe, nous avons assisté depuis plus de deux années à un florilège de mensonges, corruptions de toutes sortes. A l’heure d’écrire ces lignes, les lobbyistes de Pfizer ont enfin perdu pour un temps leur libre accès au parlement européen, suite à des affaires de corruption très faiblement relayées par les médias. Nous indiquons ci-dessous une partie des procès perdus par Pfizer ces dernières années, et qui n’ont pas empêché nos institutions de passer la plus grosse commande (plus de 30 milliards d’euros) de l’Union Européenne. On sait par des milliers de témoignages que de très nombreux décideurs, médecins, scientifiques ont perdu leur poste, faute de bien collaborer avec une parole dans la droite ligne de ce qu’il fallait dire. Des milliers de pertes d’emploi, de suicide, au nom non pas de la science, mais de la corruption. Avant cela, on assistait à une véritable « chasse aux sorcières » dans les médecines naturelles. Or ces médecines naturelles, si elles ne sont pas exemptes de reproches (!), sont beaucoup plus anciennes que les sciences modernes. Certes elles n’utilisent pas la technologie contemporaine, mais ce n’est pas un critère de scientificité…

2/La science, c'est si important que ça?

Ce titre peut sembler provocateur. Si vous hurlez « oui » en lisant la question, c’est que votre rapport à la science est passionné et/ou religieux. La science est une manière, une méta-manière d’envisager, de traiter, d’encoder et de prévoir le réel. Elle est reconnaissable à ce qu’on peut nommer des critères de scientificité. Notre époque a élevé un culte total, idéologique et religieux (au sens étymologie de « qui relie les gens ») du scientifique. « C’est forcément lui qui a raison, et sa posture est vrai, car le reste est charlatanisme, ou dépend d’un autre ordre: art, loisirs, travail, amateurisme etc ». Nous ne nous attarderons pas sur la pauvreté terrible de ce genre d’idée. Non pas que la science soit un terrain de productivité, de créativité incroyable. Mais en décapitant toute autre forme de créativité (arts, philosophie etc) au non d’un scientisme fort, on coupe le sens même de la science, qui est d’œuvrer avec d’autres vers une mieux-être collectif . Par ailleurs la crise covid nous a bien montré que les scientifiques n’étaient pas tous d’abord des scientifiques, mais d’abord des communicants: ceux que nous avons vus étaient ceux qui parvenaient à passer à l’écran, à être d’abord avec la ligne éditorial unique, dogmatique, virulente de médias presque tous identiques. Or la science est nécessairement multiples: il y a des mathématiques, des physiques, des psychologies etc. Nous devons peut-être nous questionner sur ce dogmatisme. Sommes-nous à ce point coupé de nos émotions que nous refusons tout ce qui n’est pas prétendument rationnel, de rage? Est-ce vraiment de la science, ou l’adhésion à un mouvement collectif (la science pour le progrès), de ce fait religieux, comme l’entend par exemple Régis Debray?

3-Comment déterminer qu'une théorie-une phrase est scientifique?

Il existe en sciences ce qu’on nomme des critères de scientificité. Le premier est le plus simple est la répétitivité. Une idée est dite scientifique si on peut répéter la même expérience avec des résultats similaires, ou très fréquemment très proches. Une certaine branche du bouddhisme indique de ce fait ppar exemple que le bouddhisme est scientifique: c’est un cheminement d’apprentissage très jalonné, dont les résultats nécessitent un temps (très) long, mais sont connus. Il y a plusieurs étapes, et de ce point de vue strictement, on ne peut pas donner tort à cette remarque.

Dans ce cas on distinguera évidemment le fait que des faits soient répétés, et que des phrases soient répétées. Si des centaines de journalistes hurlent pendant des mois qu’un produit est sans danger, cela n’en fait pas une vérité, car la répétition pure va certes souvent convaincre (notre esprit est plus convaincu par la répétition et les émotions que par la logique, c’est généralement ainsi), mais la qualité de vérité et de scientificité de la phrase journalistique n’aura pas bougé. En l’occurrence il faudra faire appel à d’autres critères. Gardons notre exemple particulièrement original d’un produit prescrit à toute une population, et pour lequel un grand nombre de personnes dit qu’il est sans danger. Si un ou deux ans plus tard les mêmes journalistes disent le contraire, à savoir que ce produit était dangereux, on voit bien que leur démarche n’est pas davantage scientifique, même s’ils parlent encore plus fort. Allons voir maintenant les « scientifiques ». Quels autres critères respectent-ils? Tout d’abord ils travaillent avec des théories, et font des expérimentations, justement pour repérer des régularités, des lois ou fonctions. Ils tentent bien sûr également de mathématiser les résultats, et plus largement de les organiser de sorte à pouvoir traiter les donner, mais également restituer une ou plusieurs théories compatibles. Il se servent pour cela de définitions, déductions et croient en une causalité des événements, à toutes les échelles. Mais ici on oublie deux critères, les plus importants et donc les plus déterminants à notre époque: l’honnêteté intellectuelle et la réfutabilité. 

4/Honnêteté intellectuelle et réfutabilité...?

L’anthropologue Jeanne Favret Saada disait que 90% du travail de l’intellectuel, c’est de faire preuve d’honnêteté intellectuelle. Or, rien n’est plus difficile à notre époque, pour de multiples raisons:

-Les publications scientifiques répondent à des « vagues » thématiques, des « modes » si vous voulez, avec une thèse généralement bien vue, donc facile à publier. Il y a également des délais à respecter, pas toujours compatibles avec un travail de qualité.

-Le recul que nous avons sur les productions d’études scientifiques est assez banal: le philosophe Pascal Engel écrivait il y a quelques années que plus de 90% des études et articles entrent dans la catégories « bullshit »: ce sont des copier-coller d’autres études, des méta-études, avec de nombreuses incohérences, erreurs, biais etc. Nous avons vu cela depuis deux, mais et les garde-fous du système, les théoriques intellectuels censés vérifier et dénoncer les irrespects, ont parfaitement radoté les bons mots du pouvoir en place…

-L’honnêteté intellectuelle n’est pas très confortable: elle nous amène parfois à des découvertes, des conclusions auxquelles nous ne nous attendions pas; bref elle est fondamentalement  marginalisante, car vivante dans son rapport à la science, donc créatrice.

Concernant la réfutabilité, c’est un peu plus technique, mais depuis des décenies et notamment Karl Popper, on accepte l’idée qu’une théorie non réfutable n’est pas scientifique. Ainsi, l’astrologie, la marxisme, la psychanalyse freudienne ne sont pas des sciences, car ellse se débrouillent pour toujours avoir raison. En analyse freudienne par exemple, si vous n’adhérez pas à une interprétation dogmatique (au nom du père, de la mère et du sexe!), c’est que vous résistez, donc que l’analyste a raison. Il a donc raison… ou raison. Bon, ça ce n’est pas scientifique…

 

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Eddy Mannino

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